Où trouver des cèpes en Normandie ?

La Normandie, avec ses vastes forêts et son climat humide, s’impose comme un petit paradis pour les cueilleurs de cèpes à l’automne. Des côtes du Cotentin aux bocages du Pays d’Auge, les bois normands abritent le fameux cèpe de Bordeaux et ses cousins. Dans cet article, nous explorons département par département les meilleurs coins pour dénicher des cèpes en Normandie. Forêts domaniales ou communales, hêtraies cathédrales ou bosquets de chênes, découvrez où remplir votre panier tout en respectant la nature et la réglementation locale.

La région Normandie, composée des cinq départements Calvados, Eure, Manche, Orne et Seine-Maritime, offre une grande diversité de milieux propices aux champignons. Les forêts normandes, notamment dans le Pays d’Auge (Calvados/Orne) et le département de la Manche, sont riches en cèpes. La saison démarre généralement en août et s’étend jusqu’en octobre, avec un pic de récolte en septembre. Le climat océanique, avec des pluies régulières suivies de douces éclaircies, crée des conditions idéales : après quelques jours de pluie, les cèpes pointent le bout de leur chapeau sur les tapis de mousse. Feuillus comme le chêne ou le hêtre offrent une association parfaite avec ces champignons – d’ailleurs, il est conseillé de chercher en priorité dans les forêts comportant ces essences, surtout peu après la pluie, près des ruisseaux et sur sols humides.

Avant de partir en cueillette, gardez à l’esprit que la réglementation peut varier selon les départements. En Normandie, la cueillette des champignons est autorisée pour la consommation personnelle, mais limitée en quantité (en général 5 litres par personne maximum, soit un panier d’environ 3 à 5 kg). Par ailleurs, des arrêtés préfectoraux imposent des jours de repos dans certains massifs : dans l’Orne, le Calvados et la Manche, il est interdit de cueillir les mardis et jeudis (même fériés) dans les forêts domaniales. En revanche, l’Eure et la Seine-Maritime n’appliquent pas ces jours d’interdiction, tout en respectant le volume maximal autorisé. Renseignez-vous toujours localement, et bien sûr, ne cueillez que sur les terrains où cela est permis (forêts publiques ou avec l’accord des propriétaires en privé).

Passons maintenant en revue, département par département, les principaux massifs forestiers où vous aurez le plus de chances de trouver des cèpes en Normandie.

Si vous êtes à la recherche d’une autre région regarder notre article sur la récolte de Champignon en France

Calvados : les forêts propices aux cèpes

Le Calvados offre plusieurs sites mycologiques de premier plan, malgré une couverture forestière morcelée. Des massifs comme Cerisy ou Saint-Gatien abritent de belles hêtraies et chênaies où poussent les cèpes, sans oublier de plus petites forêts proches des centres urbains.

Forêt de Cerisy (Calvados/Manche)

À cheval sur le Calvados et la Manche, la forêt de Cerisy – aussi appelée forêt de Balleroy – est un incontournable pour la cueillette. Réserve naturelle et joyau écologique, elle est reconnue pour sa magnifique hêtraie qui compose environ 75 % du massif. Le sous-bois, tapissé de mousse et souvent parsemé de houx, crée un habitat rêvé pour les cèpes et autres bolets. Dès la fin de l’été, avec un peu d’humidité, on y voit apparaître de nombreux champignons très prisés, dont les cèpes bien sûr. La présence de chênes et châtaigniers en lisière ajoute à la diversité des espèces cueillies. La Maison de la Forêt organise d’ailleurs régulièrement des sorties mycologiques encadrées dans Cerisy, signe que le site regorge de trésors fongiques. À noter : comme dans toutes les forêts domaniales du Calvados, la cueillette y est limitée à un panier par personne et interdite le mardi et le jeudi.

Forêt de Saint-Gatien-des-Bois

Située à l’extrême nord-est du Calvados, aux portes du Pays d’Auge et non loin de Honfleur, la forêt de Saint-Gatien est la plus vaste du département avec environ 3 500 ha de superficie. Majoritairement privée mais ouverte aux promeneurs sur de nombreux sentiers, elle se compose d’arbres variés (chênes, hêtres, pins…) formant un écosystème riche. Cèpes et autres champignons y poussent à foison en saison automnale, en particulier dans les zones mixtes où alternent feuillus et résineux. L’ambiance humide de la vallée de l’Orange qui la traverse favorise la pousse des bolets. Les locaux apprécient ce massif pour ses beaux cèpes de Bordeaux, tout en restant discrets sur leurs “coins” précis. Si vous partez explorer Saint-Gatien, préférez les abords des clairières et les sous-bois de chênaie-hêtraie après la pluie, et soyez attentif aux jours de chasse (périodes où l’accès est restreint).

Forêt de Grimbosq

À seulement 20 km au sud de Caen, la forêt de Grimbosq offre aux citadins un terrain de jeu idéal pour la cueillette des champignons. Ce petit massif d’environ 475 ha en bordure de l’Orne est constitué de feuillus (chênes, hêtres, châtaigniers) et de quelques résineux, fournissant un habitat diversifié. En automne, on peut y dénicher des cèpes dans les zones de chênaie et de châtaigneraie, notamment sur les versants bien exposés après les pluies. La commune de Caen y organise parfois des sorties pédagogiques pour apprendre à reconnaître les champignons. Grimbosq étant très fréquentée, il est conseillé de s’y rendre tôt le matin pour espérer remplir son panier. Même si elle est de taille modeste, cette forêt concentre un bon potentiel mycologique grâce à la proximité de la rivière Orne et à son sol argileux propice aux bolets.

(Parmi les autres coins à cèpes du Calvados, on peut citer la forêt domaniale de Saint-Sever (sud du département), au sol acide couvert de châtaigniers, ou encore la petite forêt de Cinglais au sud de Caen. Le Pays d’Auge, avec son bocage et ses bosquets humides, recèle également de nombreux endroits favorables.)

Manche : à la recherche des cèpes du Cotentin

Le département de la Manche est le moins boisé de Normandie, mais il abrite quelques massifs de choix pour les amateurs de cèpes. Les forêts relictuelles du Cotentin, bien que limitées en superficie, offrent des refuges appréciés des bolets. Il faut souvent cibler les anciennes chênaies ou les plantations de résineux pour optimiser ses chances.

Forêt de Saint-Sauveur-le-Vicomte

Cœur vert du Cotentin, la forêt domaniale de Saint-Sauveur-le-Vicomte s’étend sur environ 1 600 ha au nord-ouest de la Manche. Vestige de l’ancienne forêt de Brix, ce massif est composé de chênes sessiles et de hêtres, avec des zones de pins sylvestres plantés sur les hauteurs. Ces différents peuplements créent un habitat favorable aux cèpes : les clairières humides et les anciennes futaies de chênes, en particulier, abritent de beaux spécimens de cèpe de Bordeaux à l’automne. Les mycologues du Cotentin connaissent bien Saint-Sauveur pour la variété de champignons qu’on peut y trouver. Après des pluies en septembre, il n’est pas rare d’y remplir son panier de cèpes bien fermes, sans compter les girolles et autres chanterelles qui partagent les mêmes sols. La forêt est par ailleurs bien aménagée pour la promenade, ce qui facilite l’exploration de différents secteurs (vallons, plateaux, bord de rivière…). Attention toutefois aux jours sans cueillette (mardi/jeudi) également en vigueur ici.

Forêt de Vesly – Pissot

Dans le sud-ouest du Cotentin, vers La Haye-du-Puits, la petite forêt de Vesly – Pissot offre un autre terrain de cueillette intéressant. Moins connue que Cerisy ou Saint-Sauveur, cette forêt domaniale de taille modeste est un îlot boisé entouré de landes et de prairies humides. On y trouve principalement des chênes et des bouleaux, avec quelques plantations de pins maritimes, ce qui diversifie les champignons présents. Les cèpes y sont signalés surtout en lisière des zones de feuillus, souvent cachés sous les fougères. Après les averses d’automne, les sols légèrement sableux de Vesly peuvent voir apparaître le cèpe des pins (Boletus pinophilus) en plus du cèpe de Bordeaux. Le caractère un peu isolé de ce bois en fait un coin apprécié de ceux qui cherchent la tranquillité. N’hésitez pas à explorer les sentiers peu fréquentés de Vesly-Pissot pour dénicher quelques cèpes méritants, tout en respectant la réserve biologique présente sur une partie du site.

(Dans la Manche, citons également la lisière ouest de la forêt de Cerisy (autour de Montfiquet) qui déborde sur le département et reste un spot à cèpes prisé des Manchois. De même, de petits bois privés du côté d’Avranches ou de Villedieu-les-Poêles peuvent receler des cèpes, bien que l’accès y soit soumis à autorisation. En règle générale, privilégiez les secteurs du sud-Manche aux sols plus acides (où poussent châtaigniers et chênes) et les boisements du nord-Cotentin abrités du vent, pour vos sorties champignons.)

Orne : les grandes forêts aux chênes centenaires

L’Orne, département le plus forestier de Normandie, est un véritable eldorado pour la cueillette des cèpes. Ses vastes massifs aux allures de forêt enchantée – Andaines, Écouves, Bellême, etc. – regorgent d’essences feuillues où les bolets prospèrent. Grâce à un relief varié (collines, vallons) et à la présence de sols schisteux ou granitiques, l’Orne offre des conditions idéales pour une fructification abondante des champignons. Voici trois forêts ornaises à ne pas manquer :

Forêt des Andaines

Au sud-ouest de l’Orne, la forêt des Andaines (aussi nommée forêt d’Andaine) s’étend entre La Ferté-Macé, Domfront et Bagnoles-de-l’Orne. Cette vaste chênaie-hêtraie mêlée de pinèdes couvre environ 15 000 ha si l’on inclut ses prolongements, et bénéficie d’un microclimat doux et humide. Chaque automne, les Andaines attirent les cueilleurs de toute la région, car les champignons y abondent : cèpes, chanterelles, girolles, pieds-de-mouton, etc., on y recense près de 1 700 espèces fongiques au total. Les chênes sessiles centenaires du massif entretiennent une litière riche en humus où le cèpe de Bordeaux aime se développer. Les bords des allées forestières et les zones de châtaigniers (notamment vers Bagnoles) sont connus pour donner de belles poussées de cèpes après les pluies de fin d’été. La forêt des Andaines étant très étendue, il est judicieux de cibler les « coins » à champignons repérés par les locaux ou d’accompagner des sorties mycologiques (souvent organisées depuis Bagnoles-de-l’Orne). Cueillette autorisée tous les jours sauf mardi/jeudi là encore, et aucun ramasseur ne repart déçu tant la forêt est généreuse.

Forêt d’Écouves

Au nord d’Alençon, la forêt d’Écouves se distingue comme l’un des plus grands massifs forestiers de l’Ouest français (environ 15 000 ha au total). Cette forêt au relief escarpé (point culminant à 413 m) est majoritairement composée de chênes et de hêtres, avec des résineux sur les hauteurs. Grâce à cette diversité d’essences et à son étendue, Écouves est un haut lieu de la mycologie normande : « Les champignons sont abondants (cèpes, bolets, girolles…) » dans ses sous-bois. Les cèpes affectionnent particulièrement les parcelles de chênaie sur sol acide et les recoins de hêtraie bien exposés. Historiquement, on y récoltait tant de cèpes que certains villages en bordure en avaient fait une spécialité culinaire. Aujourd’hui encore, après une période pluvieuse, il suffit de s’aventurer sur les sentiers près du carrefour de la Croix-Médavy ou du côté du signal d’Écouves pour espérer tomber sur quelques beaux bolets bien cachés sous les feuilles. La forêt étant très vaste, la densité de cueilleurs y est moindre qu’ailleurs, ce qui augmente vos chances de découvertes. Pensez à vous munir d’une boussole ou d’une carte pour explorer hors des chemins battus, et profitez du calme d’Écouves pour une cueillette ressourçante.

Forêt de Bellême

À l’extrémité est de l’Orne, la forêt domaniale de Bellême (en plein cœur du Parc naturel du Perche) mérite également le détour. Réputée pour ses chênes multi-séculaires en futaie, elle s’étend sur environ 2 400 ha et offre un paysage vallonné de collines. Le sous-bois de Bellême est principalement constitué de feuillus (chênes, hêtres, bouleaux) avec quelques zones de châtaigniers – un biotope apprécié par les cèpes. Chaque automne, la tradition veut que s’y tiennent les « Mycologiades internationales », un grand rassemblement de mycologues, preuve de la richesse en champignons de cette forêt. Les cèpes de Bordeaux y figurent en bonne place aux côtés d’espèces plus rares. Les parcelles situées près des étangs et des zones humides du massif sont particulièrement propices : les anciens connaissent bien les environs de la fontaine de La Vennerie ou du réservoir de Bellême pour y avoir trouvé des cèpes après des épisodes pluvieux. Bellême étant gérée durablement, la cueillette y est tolérée dans les mêmes limites que ailleurs (panier de 5 L, pas de ramassage intensif). C’est un lieu idéal pour une promenade d’automne combinant plaisir des yeux (couleurs flamboyantes) et du palais une fois les cèpes cuisinés.

(D’autres forêts de l’Orne sont également très productives en cèpes : par exemple la forêt de Gouffern près d’Argentan, ou la forêt de Réno-Valdieu dans le Perche, abritent elles aussi de jolis coins à bolets. N’hésitez pas à explorer les petites futaies communales autour des grandes forêts ornaises – bien souvent, un simple bosquet de chênes ou de hêtres peut recéler quelques cèpes si les conditions s’y prêtent.)

Pour aller plus loin découvrez notre guide complet sur les Cèpes

Eure : les massifs verdoyants du Vexin et du sud de l’Eure

Moins étendue que sa voisine ornaise, la forêt euroise n’en recèle pas moins quelques joyaux pour les chasseurs de cèpes. Entre la gigantesque hêtraie de Lyons au nord et les massifs plus modestes du sud (vers Conches ou Évreux), l’Eure propose des coins variés. Le climat y est légèrement plus sec, mais les vallées de la Seine et de l’Eure apportent l’humidité nécessaire à l’automne pour de belles poussées. Voici les sites à privilégier :

Forêt de Lyons

Impossible de parler champignons en Eure sans évoquer la forêt domaniale de Lyons. Il s’agit ni plus ni moins de la plus grande forêt de Normandie, avec ses 10 700 ha de hêtraies majestueuses. Surnommée la « cathédrale verte » grâce à ses fûts élancés, la forêt de Lyons abrite une biodiversité remarquable – et les champignons y prospèrent en conséquence. Dès l’ouverture de la saison de la cueillette, à la fin de l’été, les amateurs arpentent ses sous-bois (la cueillette y est autorisée dans la limite de 5 litres par personne par sortie). On y trouve en particulier des cèpes et bolets en abondance, pour le plus grand régal des cueilleurs avertis. Les girolles, trompettes et même morilles font aussi partie du tableau à la bonne saison. Les meilleurs secteurs à cèpes de Lyons se situent souvent sur les pentes bien drainées et en lisière des parcelles de hêtres et de chênes. S’il a plu ou que le temps est resté humide et brumeux, c’est le moment idéal pour chausser vos bottes et partir en quête dans Lyons – en particulier autour des villages en lisière comme Lyons-la-Forêt, Bézu-la-Forêt ou La Neuve-Grange où partent de nombreux sentiers. La forêt étant très vaste, vous pouvez marcher des heures tout en remplissant progressivement votre panier. Prenez garde néanmoins à bien vous orienter et à respecter la limite des réserves biologiques intégrales où la cueillette est interdite.

Forêt de Bord-Louviers

Plus au sud, le long de la vallée de la Seine, la forêt de Bord-Louviers (aussi appelée forêt de Bord) est un autre site prisé des mycophiles de l’Eure. D’une superficie d’environ 4 000 ha, ce massif est composé de terrasses alluviales et de coteaux calcaires dominés par le chêne pédonculé et le hêtre. Cette mixité, conjuguée à la proximité du fleuve (qui maintient une certaine humidité de l’air), crée des conditions favorables aux champignons. Ainsi, les cèpes pointent régulièrement en automne sur les tapis de feuilles mortes de Bord-Louviers, notamment dans les zones de hêtraie sur sol frais. Les sous-bois de charme et les anciennes coupes forestières se couvrent parfois de cèpes d’été dès la fin août, puis de cèpes de Bordeaux en septembre-octobre. Les locaux conseillent de prospecter du côté de La Croix-Saint-Leufroy ou de Val-de-Reuil, où de petits sentiers pénètrent au cœur du massif loin des routes. Comme toujours, privilégiez les lendemains de pluie et les coins peu fréquentés pour augmenter vos chances. La forêt de Bord étant très accessible, il peut y avoir de la concurrence les week-ends : mieux vaut y aller en semaine (la chance, dans l’Eure, c’est qu’aucun jour n’y est interdit par arrêté !).

Forêt de Conches-en-Ouche

Au sud-ouest du département, la forêt de Conches (en Ouche) mérite également un détour si vous êtes en quête de cèpes. Moins étendue (environ 2 900 ha), cette forêt se situe sur un plateau légèrement plus élevé et frais. Elle se compose essentiellement de chênes et de hêtres, avec des plantations de résineux par endroits. Les sols limoneux et argileux de la région de Conches retiennent bien l’eau, ce qui profite à la pousse des champignons à l’automne. Dans les parcelles feuillues de Conches, on trouve couramment des cèpes de Bordeaux, surtout à proximité des mares forestières et des fonds de vallons où l’humidité reste plus longtemps. Les habitants du coin évoquent souvent des récoltes de cèpes notables du côté de Sainte-Marguerite-de-l’Autel ou près de la Chapelle du Souvenir (au centre du massif). La forêt de Conches a l’avantage d’être moins connue des ramasseurs extérieurs, vous y croiserez donc essentiellement des habitués. En respectant les propriétés privées enclavées et la réserve naturelle des Prés Bourrés en périphérie, vous pourrez y profiter d’une cueillette sereine. Les cèpes, ici, cohabitent avec des lépiotes, russules et chanterelles qui apprécient les mêmes conditions. Une vraie forêt gourmande du Pays d’Ouche !

Seine-Maritime : cèpes au cœur des hêtraies cauchoises et brayonnes

Le paysage de Seine-Maritime, entre plateaux calcaires du Pays de Caux et collines du Pays de Bray, abrite plusieurs belles forêts où les champignons prospèrent. Ce département, bien que moins boisé que l’Orne, possède d’importants massifs domaniaux (souvent d’anciennes forêts royales) connus des cueilleurs pour leurs girolles, leurs trompettes… et bien sûr leurs cèpes. Voici trois forêts seinomarines à explorer :

Forêt d’Eawy

Située dans le Pays de Bray, entre Neufchâtel-en-Bray et Dieppe, la forêt d’Eawy est l’une des plus vastes de la Seine-Maritime (environ 7 000 ha). Il s’agit essentiellement d’une hêtraie (l’une des plus belles de Normandie après Lyons), traversée par de longues allées rectilignes. Ses sols frais, souvent argileux, et son couvert dense en font un milieu très favorable aux champignons. À l’automne, la forêt d’Eawy est réputée pour ses cèpes de qualité qui poussent sous les hêtres et les chênes rouvres disséminés, parfois en grandes quantités lors des bonnes années. Les promeneurs du dimanche s’y pressent pour remplir leur panier de cèpes et de bolets lorsque la saison bat son plein. Parmi les coins connus, on peut citer le secteur de La Chapelle Saint-Étienne ou la zone du Bois du Parc au nord du massif, où de nombreux bolets sont souvent observés. Le secret d’Eawy réside dans son climat légèrement plus frais : les cèpes y apparaissent parfois un peu plus tard (début octobre) et la pousse peut s’étaler jusqu’aux premières gelées de novembre. Profitez de la relative tranquillité en semaine pour une cueillette dans le silence de cette hêtraie séculaire. Bonne nouvelle : en Seine-Maritime, aucune interdiction de jour n’entrave la cueillette, vous pouvez donc y aller quand bon vous semble (en respectant les horaires légaux et les zones protégées bien sûr).

Forêt de Brotonne

Au cœur du Parc naturel régional des Boucles de la Seine, la forêt de Brotonne (près de 7 200 ha) offre un décor différent, fait de plateaux dominant les méandres de la Seine. Composée majoritairement de chênaies-hêtraies sur sol limoneux-calcaire, Brotonne est une forêt très appréciée pour la promenade… et pour la cueillette aux champignons. En automne, les amateurs sillonnent ses allées à la recherche de la truffe de Normandie (la trompette de la mort, présente en abondance) mais aussi des cèpes et autres bolets. Les cèpes de Bordeaux affectionnent particulièrement les lisières de chênaie bien éclairées de Brotonne : par exemple, autour des anciennes parcelles d’Arelaune-en-Seine ou du côté de Maulévrier, où la forêt est un peu plus clairsemée, on réalise de jolies récoltes. Après des pluies d’orage fin août, il n’est pas rare que les premiers cèpes sortent au pied des chênes pédonculés de Brotonne, suivis d’une deuxième vague en septembre. Le caractère légèrement plus sec du plateau cauchois peut limiter la pousse certaines années, mais les combes et vallons humides du sud du massif (vers Vatteville-la-Rue) compensent en abritant un microclimat profitable. La forêt de Brotonne étant très vaste, n’hésitez pas à explorer plusieurs coins différents. Et si la chance n’est pas au rendez-vous côté cèpes, vous pourrez toujours vous rattraper sur les coulemelles ou les girolles qui ne manquent pas non plus dans le secteur !

Forêt d’Eu

À l’extrême nord de la Seine-Maritime, la forêt d’Eu s’étend sur environ 9 000 ha et déborde même sur la Picardie voisine. Il s’agit d’une forêt mixte, comprenant de la hêtraie sur les hauteurs et des chênaies avec châtaigniers dans les vallons plus abrités. Ce mélange forestier, associé à une pluviométrie assez élevée du fait de la proximité de la Manche, garantit de belles poussées de champignons chaque automne. Les cèpes figurent bien sûr au menu, en compagnie des pieds-de-mouton, bolets bai, chanterelles et autres délices que l’on peut trouver à Eu. Les habitants de la région vous diront d’explorer du côté de Saint-Pierre-en-Val ou vers Incheville, en bordure de forêt, où les parcelles de châtaigniers ont la réputation de cacher de jolis cèpes bronzés. La forêt d’Eu possède aussi quelques zones tourbeuses et mouillères où l’on trouve des cèpes d’été en début de saison, profitant de la moiteur persistante. Veillez cependant à vous informer sur les jours de chasse (très prisée dans ce massif giboyeux) afin de planifier vos sorties champignons en toute sécurité. Globalement, la forêt d’Eu, moins fréquentée que les massifs plus au sud, reste un havre pour les mycologues en quête de tranquillité et de diversité d’espèces. Avec un peu de patience et d’expérience, vous y dénicherez sans doute quelques bolets bien charnus à ramener chez vous.

(En Seine-Maritime, on pourrait aussi citer les forêts de Montigny (Arques) près de Dieppe, de Roumare et La Londe autour de Rouen, ou encore la forêt indivise d’Eu que nous venons de voir, qui offrent toutes des opportunités de cueillette. Même les bois plus modestes du Pays de Caux, disséminés entre les champs, recèlent parfois des cèpes – bien que la cueillette y soit plus aléatoire et souvent privée. Les grands massifs cités restent les valeurs sûres du département.)

Conseils pratiques pour une cueillette réussie en Normandie

La Normandie regorge de coins à cèpes, mais une bonne préparation et un comportement respectueux vous garantiront des sorties fructueuses en toute sécurité. Voici quelques conseils essentiels avant d’aller arpenter nos belles forêts normandes :

  • Bien s’équiper : partez toujours avec un panier en osier (plutôt qu’un sac plastique, afin d’aérer les récoltes) et un couteau pour couper les champignons à la base. De bonnes chaussures imperméables et une veste adaptée sont de rigueur, le sol pouvant être boueux en automne. N’oubliez pas non plus une boussole ou un GPS dans les grands massifs, ainsi qu’une petite brosse pour nettoyer grossièrement vos cèpes sur place.
  • Respecter la forêt et la réglementation : ne prélevez que des quantités raisonnables (maximum un panier par personne) afin de préserver la ressource pour tous. Laissez sur place les jeunes pousses trop petites et les spécimens abîmés ou véreux. Refermez le sous-bois après votre passage (ne laissez pas de trous en retirant un champignon). Renseignez-vous sur les jours autorisés dans la forêt où vous allez (rappel : pas de cueillette mardi et jeudi en Orne, Calvados, Manche) et sur les jours de chasse éventuels pour éviter tout problème.
  • Bien identifier sa récolte : apprenez à différencier les cèpes comestibles de leurs éventuels sosies toxiques. En cas de doute sur un champignon, abstenez-vous de le consommer. Vous pouvez faire vérifier votre cueillette auprès d’un pharmacien ou d’une association mycologique de la région – beaucoup proposent ce service gratuitement. Cette précaution est primordiale pour éviter les intoxications.
  • Choisir le bon moment : pour maximiser vos chances de trouver des cèpes, privilégiez les sorties environ 8 à 10 jours après une bonne pluie suivie de douceur. Les cèpes aiment l’humidité du sol mais aussi la chaleur modérée. Le matin de bonne heure est le meilleur créneau pour en profiter avant le passage d’autres cueilleurs. Enfin, gardez à l’esprit que la nature reste imprévisible : certaines années seront fastes en cèpes, d’autres moins, il faut savoir faire preuve de patience et d’observation.

En suivant ces conseils et en explorant les forêts normandes département par département comme nous l’avons fait, vous augmenterez significativement vos chances de remplir votre panier de cèpes lors de vos prochaines balades automnales. La Normandie, avec ses hêtraies d’exception et ses chênaies mystérieuses, n’attend plus que vous pour livrer ses délicieux secrets mycologiques. Bonne cueillette à tous – et n’hésitez pas à partager vos trouvailles sur carte-champignon.fr ! 🍄

Sources : Office National des Forêts, Tourisme Normandie et guides mycologiques locaux, ainsi que nos partenaires mycologues normands.